Les mots graffiti

Vu, entendu, connu, mes cris de coeur, impressions « fatales », humeurs événementielles…

Un mois de perdu…mais pas dix de retrouvés

https://mobile.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-il-y-a-un-mois-de-perdu-dans-la-montee-en-puissance-vers-le-depistage-juge-francois-ruffin-lfi_3906925.html#xtref=android-app://com.google.android.googlequicksearchbox/https/www.google.com&xtref=https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-il-y-a-un-mois-de-perdu-dans-la-montee-en-puissance-vers-le-depistage-juge-francois-ruffin-lfi_3906925.html

 

Ceci n’est pas une PUB pour la France Insoumise. Mais tout comme Philippe Poutou, Jean François Ruffin est un « mal nécessaire » à notre démocratie. Ses films en sont le parfait exemple.

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Hourrah ! 2020 est né…Que vive 2020 !

Ce matin,

Je te salue deux mille vingt.

Ou doit-on t’appeler vingt vingt.

Il vint l’an deux mille vingt.

À deux mille dix neuf, mettant fin.

À toi, je me joins,

Souhaitant meilleurs voeux à tout le monde, proche ou lointain.

Espérant que cela ne soit pas en vain.

Bien des choses passées, à vivre et exister encore, avenir incertain.

Éternel refrain,

Que cessent, enfin

Ces éternels regains,

D’injustices, d’inégalités, que nous chantons en refrain.

Vingt vingt, ou deux mille vingt,

Peu importe, et dire ton nom comme il nous vient,

De tout cela, en ton premier jour, évoquer je tiens.

Tout de même trinquons, enfin !

 

A vous tous, qui passez par là, je souhaite UNE BONNE ANNÉE, pleine d’entrain*

 

 

  • sans jeu de mots 😀

 

 

 

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« Le plus bel endroit du monde, c’est la maison qui est la tienne. »

Pour le dernier sujet de 2019, MILETUNE propose de choisir une image personnelle ou des images proposées depuis 2011.J’ai choisi d’écrire à partir de cette  image personnelle

 

« LE PLUS BEL ENDROIT DU MONDE, C’EST LA MAISON QUI EST LA TIENNE. »

  T out est silence

  C hiens et chats, les aboiements, les miaulements, ont disparu.

  H ennissement épuisé, dernier cheval de labour.

  E t parfois, il dit: « Allons là-bas. »

  R ien à faire, elle ne veut pas entendre.

« N ous sommes des survivants. Il ne peut plus rien nous arriver, chez nous. »

 O ublier, les jours s’accumulent, mornes et dures pénibilités.

 B eau soleil, neige invasive, air envenimé.

« Y ‘a plus que nous, les autres sont partis, ou sont enterrés ici. Allons là-bas. »

 L a femme lui répond : « Le plus bel endroit du monde, c’est la maison qui est la tienne. »

Le 15 octobre 2017, je publiais un article, sous le titre LE PLUS BEL ENDROIT DU MONDE, C’EST LA MAISON QUI EST LA TIENNE, après avoir vu à un documentaire racontant l’histoire de ces deux personnes, les seules à n’avoir pas quitté  leur village, Zvisdal,  proche de Tchernobyl; histoire émouvante de ces êtres humains si attachants, de leur solitude, du manque absolu de confort, dont la santé se dégrade, au vu de leur âge ( lui meurt pendant le tournage de ce document), de leurs moyens de vivre déplorables, du manque de communication radiophonique.

 

La question du nucléaire me tient à coeur, et je déplore, qu’à ce jour, mon pays, la France, persiste à voir dans le nucléaire l’avenir énergétique avec ses 58 centrales, et n’envisage aucunement de les supprimer à long terme.*

Je n’entends pas créer ici une polémique. Ceux qui ne partageraient pas mon ressenti, sont priés de ne pas l’exprimer sur mon blog. Je les en remercie.

 

 

 

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6 mai Journée Mondiale du Rire et de la Paix

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HOMMAGE

Vendredi 6 avril 2018, quelques mots à la radio, samedi 7 avril 2018 retransmission d’un « Thé ou café », vers 9h5o.

Et ce superbe poème, bien mieux que tous les discours, et autres enchiffonnades, pour la disparition et l’après d’un certain JP Smet.

Ecrit par la Licorne, ce bouleversant et si bel hommage

Tu pars, tu pars…

Oh, tu pars…tu pars…

Et tu ne te retournes pas…

Tu nous laisses avec …

des mots fantasmagiques et des notes musifolles

Des airs qui mettent la tête à l’envers et le reste à l’endroit

Tu nous laisses avec…

nos ressouvenirs qui s’envolent

Et des myriades de moments si fous, si purs

Qu’on se les passe en boucledor

Et qu’on les garde comme un trésor

Tu nous laisses, le coeur en contrefiture

…des allumettes au fond des yeux

Avec l’âme en tourtinade

Tout près d’un piano à queue…

Car tu pars, tu pars

Et tu ne reviendras pas…

Puisque tu  pars derrière le voile

Va dire aux anges et aux milliards d’étoiles

Que nous, petits grains de poussière

Perdus dans le ventre de l’univers

Nous pleurons notre poseur de girouettes,

Notre grand frère, libre et poète

Celui qui mettait notre cœur en fête…

Et des yaourts dans la vinaigrette

Celui qui nous était tombé du ciel

Un jour de danse, un jour de chance

Celui qui balançait ses notes irrévérentielles

Comme autant de lueurs d’avance…

 

Dis-leur que ta folie nous manque déjà

Qu’ils ont bien de la chance là-bas

D’accueillir Jacques et ses ritourterelles

Et que la nuit promet d’être belle…

Car tu étais fils de la terre et du vent

Un rebellenfant dans l’oeil du firmament

Tu avais du cœur, tu aimais la vie

Et la mort ne te faisait pas peur…

 

.

 

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18 décembre Journée internationale des migrants

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25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

 

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Inhospitalité

C’est avec l’exposition de photos de Julien Saison*, intitulée « INHOSPITALITÉ », prêtée par la CIMADE** que débute l’évènement , à Pessac, organisé par le Collectif Pessac Solidarités en 2017 auquel participent  ASTI / CCFD Terre solidaire / COEUR SOLEIL / COMITE DE JUMELAGE de Pessac / EPI’SOL / MBDHP / PEUPLES SOLIDAIRES Bordeaux / SECOURS CATHOLIQUE / SECOURS POPULAIRE avec le RADSI et la Ville de Pessac médiathèque Jacques Ellul.

VIE ORDINAIRE Une matinée dans l’eau stagnante au fond d’une cour désaffectée.

SOLIDARITÉ en réponse aux violentes vagues d’expulsion entreprises depuis 2002 et à la fermeture du « nouveau Sangatte », les exilés se mettent à l’abri des chasses policières quotidiennes dans une désaffectée. Soutenus par les activistes et militants associatifs, des barricades se montent, des assemblées générales et des réunionsintercommunautaires s’y tiennent. 200 à 300 exilés de toutes origines y vivent. 500 y passent chaque jour pour accéder à un minimum d’hygiène, recharger son téléphone, boire un thé, s’y faire soigner. En mai 2015, une expulsion silencieuse solde l’organisation; les exilés ne sont définitivement plus acceptés au coeur de la cité Calaisienne.

BESOINS VITAUX S’hydrater et jouer, pour sepréserver psychologiquement. C’est avec une vieille bouteille de gaz que s’organisent les parties de lancers de poids entre afghans. c’est avec une citerne d’un mètre cube que les soudanais sont trop rarement ravitaillés, le non accès à l’eau potable, prémices de l’abandon moral des exilés.

 

PRECARITÉ Plus de 1000 personnes vivent au coeur d’une zone dunaire-restaurants, églises, salons de coiffure, épiceries et cabanes- avec des bâches plastiques et des cordages comme seulsrefuges. Regards fraternels malgré tout. (Calais- occupation Tioxide)

Tioxideau bout du port de Calais, une longue rue bordée d’entrepôts en grande partie abandonnés, de parking en friche, et derrière les fumées de l’usine Tioxide, un immense terrain vague. Pour les plus chanceux, un abri dans le hangar, pour d’autres une tente ou une cabane de fortune. Erythréens, soudanais, Nigérians, Afghans…près de 1000 exilés s’y reposeront entre deux tentatives de passage, jusqu’au printemp s2015, expulsés vers la « new jungle »

 

PEACE Réponse sans équivoque sur l’irrespect des droits et des besoins fondamentaux, les difficultés d’obtention d’un statut légal, les conditions de vie honteuses, la séparation des familles, l’autisme des autorités et le rejet instrumentalisé d’une partie des calaisiens, français et européens.

 

NON-LIEUX Dans d’autres jungles***, organisées le long d’axes routiers menant à Calais, les tentatives pour s’introduire dans les camions sont moins mouvementées et le harcèlement policier moins soutenu. Pourtant c’est dans la même précarité et le même dénuement matériel et humain qu’y survivent des centaines d’exilés.

FRATERNITE Au bord d’une rocade, plusieurs centaines d’exilés survivent dans la plus grande précarité. La complicité acquise, ils sourient et la vie en collectivité leur permettent d’entretenir un bien-être corporel et, pour autant que faire se peut, rester dignes.

* Julien Saison, natif du Pas-de-Calais, est militant activiste de longue date à Calais et ailleurs, photographe autodidacte. Il développe une approche de lecture collective des images à la croisée des chemins, basée sur la déconstruction des préjugés et la pédagogie. C’est au savoir-vivre ensemble qu’aspire son témoignage photographique.

**La Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués), association militante depuis 1939 accompagne les personnes étrangères dans la défense de leurs droits, agit auprès des personnes enfermées et se mobilise pour témoigner.

La Cimade édite et vend en ligne un petit guide, à mettre entre toutes les mains (10euros 25 exemplaires/ 15 euros 50 exemplaires)

Pour se le procurer, clic sur

***Le terme « jungle« désigne à Calais les lieux de vie des exilés: installations précaires, squats, et campements de fortune, situés loin des regards dans les bois ou des friches.

A l’origine « jangle » est un mot patcho(afghan) qui signifie « petite forêt, bosquet.)

Cet article est une information, et un témoignage; nullement dans l’intention d’entamer une quelconque polémique.

Jacou

 

 

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20 juin, journée des migrants

Pour info et partage.

C’était il y a deux ans. La photographie du corps d’un petit garçon de 3 ans gisant sur une plage turque s’affichait à la Une des médias, provoquant une vague d’indignation.

  Depuis, le sort des réfugiés s’est-il amélioré ? NON. 

Ils continuent de vivre l’enfer sur les routes d’un exil forcé.   

Dans les pays de transit comme la Libye par exemple, leur situation s’est même détériorée : ils sont vendus dans de véritables marchés aux esclaves.

Ils risquent toujours leur vie en mer Méditerranée où plus de 5000 personnes sont encore mortes noyées en 2016.

Ils sont refoulés et même traqués aux portes d’une Europe érigée en forteresse qui, en plus de fermer ses frontières extérieures, bloque ses frontières intérieures comme à Calais et Vintimille.  (  LA CIMADE)

Un poème et une nouvelle contre le délit de solidarité avec les réfugiés

Dans l’ouvrage collectif “Ce qu’ils font est juste”, vingt-six auteurs mettent à l’honneur la solidarité et l’hospitalité envers les réfugiés. Télérama.fr vous propose deux de ces textes, signés du romancier François Taillandier et l’ancien reporter de guerre Pascal Manoukian, et accompagnés de dessins d’Enki Bilal.

Publié aux Editions Don Quichotte, Ce qu’ils font est juste est un recueil de vingt-sept œuvres d’écrivains, dessinateur ou journalistes qui se mobilisent pour mettre à l’honneur la solidarité et l’hospitalité envers les réfugiés. Horrifiés par la persistance du délit de solidarité en France, qui amène devant la justice des citoyens accusés d’être venus en aide à des migrants ; par le harcèlement policier dont sont victimes les exilés et ceux qui les soutiennent, ils réunissent le fruit de leur imagination et de leur engagement dans ce livre, dirigé par l’ancienne de Libération Béatrice Vallaeys, dont tous les bénéfices seront reversés à deux associations d’aide aux réfugiés. 

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? », par Pascal Manoukian

Pal regarda son fils remonter l’allée qui menait à l’estrade sous les oriflammes dressées des cadets du Parti. Il aurait souhaité autre chose pour lui que cette mascarade.

En ville, quelques chars manoeuvraient en martyrisant le bitume, pour rappeler au peuple de rester dans les rangs.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » fredonna-t-il dans sa tête.

La pratique du français était sa seule façon d’échapper à l’immense prison dans laquelle on l’avait renvoyé. Autour de lui, les parents, les militants de la première heure, le milicien qui surveillait le rang où il attendait sagement le discours de son fils, ne pouvaient pas s’imaginer, à son costume triste et à ses chaussures bon marché, à son col sale et à sa cravate vrillée, tout ce que suscitait en lui les parolesd’Aragon.

Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent

Treize ans auparavant, en 1948, il avait presque embrassé la liberté, frôlé ses lèvres, senti son odeur tenace et entêtante.

Aujourd’hui, son parfum l’enivrait encore, quand, seul dans sa chambre après deux verres de mauvaise vodka, il desserrait la muselière que le Parti lui imposait et faisait hurler une marche militaire, couvrant ainsi les murmures de Ferré, puis les sanglots que le souvenir de cette étreinte ratée avec la France déclenchait en lui.

Il alluma une cigarette et regarda tout ce gris autour. Il devait faire si doux à Paris. Il essaya d’oublier ses placards vides, les petites humiliations du quotidien, le poison lent de la propagande qui doucement l’anesthésiait et lui rognait les ailes, pour que docilement il accepte sa cage.

Il avait payé cher sa tentative de fuite à Paris : un an de rééducation et, comme tous les déclarés coupables, il avait dû accepter aussi d’abandonner l’éducation de son enfant au Parti.

C’est ce qui lui faisait le plus mal.

Pourtant, en cet hiver 1948, alors qu’il escaladait les montagnes d’Autriche pour dévaler sur l’Allemagne avec toute la force de ses vingt ans, buvant la nuit aux pis des vaches, réchauffant ses pieds plantés dans la bouse, les mains couvertes de graisse pour éviter les engelures, la chevalière de son père bien au fond de la poche et l’adresse d’un oncle rue Ordener, dans le dix-huitième arrondissement, pliée en quatre dans sa veste, il s’était bien juré de ne jamais revenir.

À Baden-Baden, épuisé, affamé, il avait contacté la Légion étrangère, mais la Légion n’avait pas voulu de lui. Trop freluquet, trop beau parleur, trop d’ambition, lui avait dit un lieutenant tonkinois, en lui griffonnant l’adresse d’un Français, un vrai, de ceux qui faisaient passer les juifs pendant la guerre et qui aujourd’hui hébergeaient tous les désespérés de la terre au mépris d’une vieille loi d’avant Vichy et de son article L 622, remise au goût du jour en cette même année 1948 et qui interdisait de porter secours et assistance aux clandestins, contredisant, pour le moins, une autre loi, universelle celle-ci, tout juste adoptée par les Nations unies, établissant de manière définitive les droits de l’homme et du citoyen, notamment celui garanti par son article 13 de pouvoir aller et venir en toute liberté.

Le salon du Juste, lui avait promis le Tonkinois, était comme un petit camp de la Légion. On y trouvait des Grecs, des Polonais, des Chinois, quelques Russes, des Hongrois et même, disait-on, un Ouzbek venu à cheval jusqu’à Paris. L’homme, le Juste, traître aux yeux de l’article L 622, offrait le gîte et le couvert.

Pal passa la frontière franco-allemande à Strasbourg, remonta jusqu’à Reims et arriva à Paris mi-novembre 1948, les pieds gelés, enveloppés dans les pages d’un journal dont il ne comprenait malheureusement pas le titre et qui, s’il avait pu,l’aurait alerté du danger qu’il courait, tant il promettait de misères à ceux qui pénétraient illégalement sur le sol français et à leurs complices qui se rendaient coupables de les aider : un retour en enfer pour les uns et la prison pour les autres.

Congelé, allongé à moitié mort sur la bouche du métro de la station Étoile, Pal trouva la force de se traîner jusqu’à chez son oncle, qui n’y était pas. Il défroissa alors l’adresse du Juste et sonna au 15 de la rue Du Couédic, dans le quatorzième arrondissement.

C’était une petite maison avec un jardin comme il en existait encore à Paris dans ces années-là.

Le salon était envahi de matelas et de prières dans toutes les langues.

Le Juste servait deux repas par jour. Un avant d’aller travailler aux Halles, et l’autre en rentrant le soir, les bras chargés de mille abats qui faisaient la gourmandise de tous.

Cette année-là, comme une jeune fille à qui l’on pince les joues, la France retrouvait des couleurs. Francis Lemarque chantait un Paris où n’importe qui buvait n’importe quoi en parlant avec les mains.

La France cherchait des bras, les canons allemands en avaient arraché par milliers, mais elle préférait ceux des Italiens à ceux des communistes exilés, car, comme le scandait l’extrême droite, « bolchevique un jour, bolchevique toujours ».

Pal vendit la chevalière de son père pour un costume trois-pièces fait sur mesure par un juif ukrainien. Sur les conseils d’un ancien cheminot polonais, évadé sous un train, il s’était décidé à tenter sa chance au bureau des apatrides. Mais il devait porter beau, ça facilitait, disait-on, l’attribution du sésame.

Chez le Juste, chaque jour des chanceux faisaient de la place aux malheureux. Ils ouvraient une bouteille en trinquant à leur nouvelle nationalité ou à leur permis de travail, puis s’éloignaient avec dans les yeux mille mercis au Juste et à la France.

Dehors, le chaos régnait encore. Il fallait déblayer, construire, reconstituer les familles disloquées, consoler les veuves et les orphelins, réconcilier la France des lâches et celle des courageux.

À peine Pal s’était-il assis à la terrasse de son premier café qu’il était tombé sous le charme. La vie ne lui avait pas laissé le temps de s’amouracher des filles, mais elle avait fait mieux, elle lui avait donné Paris à aimer.

Pal paya son café, ajusta le costume de l’Ukrainien et remonta chez le Juste. Un Grec avait remplacé le Roumain sur le matelas à côté du sien. De la cuisine montait une odeur de soupe aux poireaux. À la radio, on célébrait encore et encore la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen.

Il eut à peine le temps de comprendre. La porte vola en éclats et le Juste apparut coincé entre deux képis. Derrière eux, une dizaine d’autres flics matraquèrent les matelas.

Pal se recroquevilla par peur de mourir et encaissa les coups en se protégeant avec les vers d’Aragon dédiés au groupe de Manouchian.

Ils étaient vingt-trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnèrent leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Lui aussi allait être sacrifié, victime de ce décret-loi décidé en 1938 par Daladier, le président du Conseil des ministres, qui s’en expliquait auprès du président de la République par ces mots restés dans les archives :

Le présent projet de décret ne modifie en rien les conditions régulières d’accès sur notre sol, il ne porte aucune atteinte aux règles traditionnelles de l’hospitalité française, à l’esprit de libéralisme et d’humanité qui est l’un des plus nobles aspects de notre génie national… la France ne veut plus chez elle d’étrangers “clandestins”, d’hôtes irréguliers… Pour déceler et identifier les étrangers clandestins et ceux qui ne sont pas en règle, il nous a paru indispensable d’étendre à tout logeur, professionnel ou bénévole, l’obligation de déclarer, dans des formes d’ailleurs extrêmement simples et commodes à fixer par voie réglementaire, qu’il héberge un étranger. Rien de vexatoire dans une telle obligation, simple mesure d’ordre dont on aperçoit toute la portée pratique comme toute l’efficacité.

Les lois sont comme les cadavres dans les films à suspense. Il faudrait toujours les achever de peur qu’elles ne ressuscitent.

Le Juste fut condamné à la prison pour délit d’hébergement et de solidarité. Un Tonkinois qui tentait de résister fut matraqué à mort. Pal, lui, fut reconduit à la frontière et confié à la police de son pays, qui se chargea de le ramener chez lui.

Sept ans plus tard, en 1955, naissait son fils. Jugé trop déviant pour le faire pousser droit, le père fut contraint de confier son éducation au Parti.

Le résultat fut spectaculaire. En 1960, en pleine reprise en main du régime, le petit bonhomme de six ans eut l’honneur d’ouvrir le grand meeting des cadets du Parti.

Devant lui, six mille jeunes en uniforme de pionniers, rangés comme dans des casiers à bouteilles, saluaient d’un même geste la faucille et le marteau.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » se redemanda Pal.

Non, lui le savait, et ça le rendait encore plus malheureux. Parfois, il fermait les yeux et s’installait à la terrasse d’un café. Il sentait aussitôt l’odeur du métro et du bon tabac, le goût du vrai sucre au fond de sa tasse, et cherchait parmi les silhouettes légères qui glissaient entre les tables celle qu’il aurait pu épouser.

Il l’imaginait brune et menue. Elle aurait étudié la médecine avec lui, il aurait gardé l’Ukrainien comme tailleur et ensemble, le soir, en fumant des gitanes, ils se seraient rappelé les temps difficiles et le chemin parcouru depuis.

Il avait droit à ce bonheur-là, se dit-il. Il avait tout fait pour le mériter.

Le milicien lui ordonna d’éteindre sa cigarette. Pal se demanda combien de dissidents avaient rejoint les geôles de l’État aujourd’hui. Qu’allait devenir son fils dans cette Hongrie-là ?

Là-bas, à Paris, l’Ukrainien lui aurait appris le français et les bonnes manières dans une école bien tenue par des instituteurs de la République, il serait devenu avocat, se serait installé dans les beaux quartiers ou à Neuilly, se serait peut-être lancé en politique pour devenir député ou pourquoi pas président de la République.

Il le regarda seul sur l’estrade, déjà nerveux pour son âge, se balancer d’un pied sur l’autre.

Il essaya de l’imaginer en président sur les Champs-Élysées. Sans doute se serait-il souvenu des pieds gelés de son père, de ses ongles sales, de son ventre vide, de la souffrance de tous ces échoués, amoureux de la France, et il aurait alors, sans hésitation aucune, terrassé cet article L 622, condamnant les justes et leurs redevables.

Pal reconnut le tic qui secouait son fils derrière son pupitre chaque fois qu’il prenait la parole. Ce lent mouvement du cou de droite à gauche et ces épaules prises de tressautements incontrôlés.

« C’est votre fils ? lui demanda une grosse dame couverte de décorations.
Oui, dit-il.
Félicitations, répondit la grosse dame. Et comment s’appelle-t-il ?
– Nicolas », dit Pal.

En costumes palóc, à HOLLÓkö (Hongrie)

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Toujours d’actualité

 

Cela fait trois longues années …

we sign it - Mobilisons-nous pour le retour des lycéennes nigeriannes!

Mobilisons-nous pour le retour des lycéennes nigeriannes!

Depuis le 14 avril 2014, les parents et les proches des jeunes filles enlevées au Nigeria par la secte islamiste Boko Haram attendent toujours leur retour. L’Afrique ne doit pas être le refuge des terroristes. Nous interpellons la CEDEAO, l’Union africaine et la communauté internationale pour mener des actions afin de les ramener dans les plus brefs délais.

Dans la soirée du 14 avril 2014, plus de 200 jeunes lycéennes âgées de 12 à 18 ans ont été kidnappées par des éléments de la secte islamiste, Boko Haram, à Chibok (nord est du Nigeria). Le 5 mai, Aboubakar Shekau, chef de cette organisation terroriste déclarait vouloir « vendre [les filles] sur le marché au nom d’Allah« . « Une fille de 12 ans, je la donnerais en mariage, même une fille de 9 ans je le ferais », ajoute-t-il. Ce rapt et ces déclarations hallucinantes dignes d’un autre siècle mettent en lumière l’obscurantisme de ces individus qui utilisent la réligion à des fins terroristes et déshumanisantes. Plus que jamais, le monde doit se mobiliser pour le retour de ces jeunes filles saines et sauves auprès de leurs parents et surtout l’éradication de toute pensée haineuse au sein de nos sociétés.

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