
Je n’aurais jamais pensé savoir écrire un texte érotique.
Par les mots, je fus séduite,
Ma plume courait, complice sur le papier,
Guidée par mon imagination ravie,
C’était cela l’érotisme,
Sentir cette émotion grandissante ,
Savourer comme mon héroïne l’attente
Ce désir du plaisir de ces idées
Qui montaient à l’assaut de mes mots
Se libérant dans une extase sans pareille.
Chez OLIVIA pour Des mots, une histoire 122, il fallait placer dévergonder – fantaisie – rebelle – mèche – cheveux – épi – blé – pré – pâquerette – gazon – botte – cravache. Consigne supplémentaire, pour les courageux/ses : écrire un texte érotique avec dix des mots.
Voici le texte:
La leçon d’équitation
– Tu n’es qu’une dévergondée. Que vont penser les voisins ? Et ton fiancé ? As-tu pensé à ton fiancé ?crie ma mère, voyant mes nouvelles bottines
J’avais eu envie de m’offrir une fantaisie. Oncle Rodolphe, mes lèvres frémissent de plaisir rien qu’à prononcer ces syllabes, (Ma mère m’aurait déjà dit : Ressaisis-toi, ma chère), Rodolphe, donc, m’avait offert une jolie bourse, en velours couleur pêche, disant que mon teint le méritait bien. Un amour était brodé dessus, tout en perles nacrées, l’arc tendu, prêt à décocher une flèche. La bourse contenait quelques billets ; un parfum que je connaissais bien, lorsqu’il se penchait sur ma main, y flottait discrètement.
Lorsque je vis les bottines, j’eus un coup de foudre. Sa couleur fut ce que je remarquais d’abord, non sans rougir. C’était celle de la bourse. Je pénétrais dans la boutique, d’un pas assuré, mais le cœur palpitant.
On me fit essayer les bottines, instant exquis et inattendu. Celles-ci glissaient si parfaitement sur mes jambes, comme une caresse. Jamais mon fiancé ne m’avait touchée ainsi. Je ne voulus pas les quitter, prolongeant cette sublime sensation. Et suprême satisfaction, elles laissaient deviner le galbe de mes jambes ; les talons offraient à mon corps une joyeuse cambrure, plaquant mes vêtements sur mon ventre doucement bombé.
Je laissais s’offusquer ma mère. Cela lui passerait. Souvent, elle m’appelait sa Rebelle, mais c’était toujours dit avec tendresse. Et puis j’espérais que cela donnerait des idées à mon cornichon de fiancé.
Je l’avais oublié un moment, d’ailleurs je ne pensais pas souvent à lui. Je me pliais aux visites de bienséance, ravie de le voir tourner les talons, lui et sa mèche de cheveux gras, qu’il repoussait sans cesse, comme un tic.
Je préférais l’idée de passer ma main dans les cheveux blonds de Rodolphe, comme le vent caresse les épis de blé dans un pré. Mais que m’arrivait-il ? Entre le moment où j’avais vu les bottes, et étais revenue à la maison, je n’avais cessé de penser à lui.
Pour me changer les idées, j’invitais ma meilleure amie à une promenade. Elle admira mes bottines, voulut les essayer, fit la coquette devant son miroir, prenant des poses aguichantes.
Nous parvînmes au parc où des myriades de pâquerettes étoilaient le gazon. Nous en cueillîmes, les effeuillant à ce jeu de l’amour et du hasard, gloussant comme des petites filles, nous tortillant un peu plus quand l’effeuillage nous donnait satisfaction. Cependant, cette fois-là, je me sentais plus concernée qu’en d’autres occasions ; et même troublée. Nous étions allongées, rêveuses, j’entendis crisser le gravier dans l’allée, me relevais prestement, me trouvant nez à nez avec mon oncle. Je me sentis rougir, étaient-ce mes pensées ou ma tenue désordonnée.
– Bonjour ma nièce. C’est un beau printemps que nous avons là. Tu ne m’embrasses pas ?
Je rêvais de me jeter à son cou, et d’autres choses encore. Confuse, les yeux baissés, je m’approchais timidement de lui, bredouillant : « Rodolphe ». Il m’enveloppa de son corps. Je fermais les yeux, m’appuyant sans trembler contre lui. Mes narines palpitaient, jouissant du parfum, mes mains se risquèrent dans la chevelure ; elle était soyeuse comme je l’avais imaginée. Je n’aurais pas dû. Je reculais, disant : « J’avais cru voir un insecte sur votre tête. »
Il rit gravement, ne lâchant pas mon regard. « Dommage que tu aies cru en voir un, seulement. »
Ses yeux firent le tour de ma personne. Je n’avais pas remarqué ses nouvelles bottes.
– Vous avez de nouvelles bottes.
– Tu as de nouvelles bottines.
Nous l’avions dit en même temps. Nous éclatâmes de rire.
« Vous allez recommencer à monter à cheval ? » Il y avait longtemps qu’il avait promis de m’apprendre. Des courses avec lui, nous perdre dans la forêt, nos respirations haletantes, nos corps ivres de la course, les chevaux enlacés à un arbre. Je m’égarais. (Voyons, ressaisis-toi, ma fille.)
– Je reprends bientôt, en effet. Ces bottines te vont à ravir. Tu es très en beauté, aujourd’hui, mademoiselle ma nièce.
Se tournant galamment vers ma compagne, il lui offrit son bras, tandis qu’il me donnait l’autre. Me donnait ? Je me pris à espérer encore plus. Au diable le fiancé. Je voulais autre chose que ce gominé raté. Je me lovais dans son bras. Il le resserra sur moi.
Nous rentrâmes à la maison, comme si de rien n’était.
– As-tu vu son accoutrement ? J’espère que tu lui as fait la leçon, Rodolphe ?
Nous nous regardâmes, un sourire amusé au coin des lèvres, le regard complice. Il passa entre nous autre chose qu’une entente innocente.
– Vous avez tort de vous moquer de moi. Vous verrez. Tant que j’y pense, Rodolphe, je ne retrouve pas ta cravache.
Rodolphe nous quitta ; sa bouche s’attarda sur mon front. L’un comme l’autre, nous avions envie d’autre chose. Moi de goûter à cette bouche qui avait su sourire, tout à l’heure, à l’unisson de la mienne. Lui…cette question me mettait délicieusement au supplice.
– Voudrais-tu venir choisir une cravache avec moi, demain ? Tu viendras avec ces bottines. Je voudrais en trouver une dans le même coloris. Ensuite, nous irons au manège. Je t’apprendrai à monter.
Ce soir-là, je me déshabillais lentement, surprenant mon corps. Je m’étais déjà regardée, nue ; mais jamais comme cela. Je promenais mes mains, partout, timidement, lentement ; je suivis la courbe de mes fesses, je remontais mon entrejambe, imaginant des caresses qui me firent gémir ; mes muscles tremblaient ; je dus m’allonger. Mes mains n’en finissaient pas de me donner ce plaisir ; ah Rodolphe !
Le lendemain, je pris un soin extrême à ma toilette. J’utilisais le plus doux des gants, le plus crémeux des savons pour laver les parties les plus intimes de mon corps.
Je choisis mes vêtements. Ils glissaient sur moi telle une seconde peau. Je me sentais prête.
« Rodolphe passe te prendre. » Les mots innocents de ma mère me mirent dans un tel émoi, que j’eus peur que cela ne se voit. Il acheta, en même temps que la sienne, une cravache aux tons pêche.
Nous partîmes au manège. Grâce à ses leçons, ou bien parce que, d’emblée, j’avais aimé le contact du cheval, nous allâmes nous balader. Rien de risqué. Juste une promenade, à fleur de ruisseau, sur un sentier offrant quelques surprises. Roucoulement de tourterelles, papillons curieux, voltigeant autour de nous.
De retour, il prit ma main, m’apprenant à étriller mon cheval. C’était ferme, souple et tendre à la fois. Je prolongeais le moment ; l’animal appréciait, lui aussi.
Puis Rodolphe m’inspecta des pieds à la tête, tapotant de ci de là des poussières, sur ma joue, mon corsage, mes cheveux. Il me demanda d’en faire de même avec lui. Je m’approchais un peu plus, prétextant ma petite taille, me haussant sur la pointe des pieds pour toucher ses cheveux ; il laissa faire, venant de son côté à ma rencontre ; tous les pores de ma peau aspiraient sa chaleur, s’insinuant dans mon ventre, mes cuisses, mon sexe. Il retint alors ma main, disant qu’il s’époussetterait lui-même, qu’il fallait rentrer, ma mère risquant de s’inquiéter. Il garda ma main dans la sienne tout le temps.
Je partis dans ma chambre ; embrassant ma main qu’il avait tenue, j’en frottais tout mon corps, léchant toutes les parties que je pouvais atteindre, jouissant de certaines contorsions.
Je pris de plus en plus de leçons ; devins bonne cavalière ; j’étrillais, j’époussetais de plus belle ; découvrant le corps de mes deux partenaires, avec respect pour l’un et de plus en plus de curiosité pour l’autre. L’un comme l’autre appréciait, cherchant plus de caresses, se frottant à moi, très impatients de me retrouver.
Enfin prête, je l’accompagnais dans une randonnée, que d’habitude il faisait seul. Nos montures se frôlaient souvent. Un étrange balai les rapprochait, les éloignait. Nous aussi, accentuant mon désir. Il profita d’un de ces contacts, pour me soulever de selle. Je tenais toujours les rennes du cheval. Il m’installa devant lui, ses mains se mirent à parcourir mon dos, s’insinuant sous mon corsage, atteignant mes seins. Ses mains furent partout, tenant toujours les guides. Il s’insinua sur mon ventre, découvrant ma peau satinée. Il grogna, attirant les chevaux sous un arbre ; nous les y attachâmes. Maintenant ses mains, ses doigts me prodiguaient des caresses, que mes mains ne savaient pas. Je me promenais sur son membre durci ; il me retourna, me pénétra ; les chevaux enlacés broutaient. Nous étions haletants, glissâmes à terre ; recommençâmes.
Je pouvais me marier. Je savais monter à cheval ; mon corps connaissait cela aussi.

La suite a été écrite chez ASPHODELE, pour Les plumes 21, avec les mots: Invisible, fantôme, innocence, introuvable, voile, dentelle, brouillard, psyché, honnête, insignifiant, dessous, eau, politique, nudité, diaphane, visible, cristal, blog, lumière, lagon, briller, vérité, fantaisie, traverser, vagabonder, vapeur, vin.
Le texte:
TANAGRA
« Mon coeur de pigeon, ma meringue, je te mange, je te mange. » Picorant des baisers sur la peau de mon enfant, installés dans le moelleux des coussins de dentelle de mon lit, je ne me lassais pas de lui murmurer à l’oreille des mots tendres. Mon fils babillait, répondant à mes mots, mes faiblesses; sourire ravi, montrant ses jolies quenottes, tandis que je lui murmurais ces folies. « Mon sucre d’orge, mon bouton de rose, je te croque, je te croque. »
« Cessez de roucouler Béatrice. C’est d’un ridicule ! »
Mon mari apparaissait, parfois, nous assénant quelques phrases de ce genre. Puis disparaissait aussitôt, être insignifiant.
Notre bavardage, un instant interrompu, reprenait de plus belle, tendre complicité ponctuée d’éclats de rire et de gazouillis prometteurs et pleins d’innocence.

J’aimais ces instants. Il y avait aussi ceux du bain. Pour rien au monde, je n’aurais confié ce rituel à quelqu’un d’autre. Je contemplais mon angelot, tout droit sorti d’un tableau de Botticelli, jouant avec les bulles de savon, qui éclataient, arcs en ciel crépitant entre ses doigts impatients. Nous laissions l’eau retomber en cascade de gouttelettes, reflétant la lumière des miroirs. Je lui disais mille et un contes, l’histoire de ce papillon dormant dans ses boucles, qu’un battement d’ailes avait poudrées d’or, l’aventure de la libellule venue se mirer dans le lagon de ses yeux, les soupirs du bouton de rose, jaloux de sa jolie bouche
Ma belle-mère avait surpris ces ébats. Derrière cet éternel brouillard de sévérité, j’avais eu le temps d’apercevoir, dans ses yeux, une lueur câline.
Celle-ci, habituée au règne sans partage, avait tenté de m’imposer sa politique. Devenue grand-mère, une trêve tacite s’était installée.
Mon fantôme de mari semblait s’être plié à cette règle.
Pour être honnête, je n’avais pas beaucoup pensé à Rodolphe de puis la naissance de Julien.
Sa présence commençait à me manquer. Je savais qu’il avait une compagne. J’avais hâte de la connaître.
Cette rencontre arriva plus vite que prévu, les affaires de mon oncle l’obligeant à s’absenter quelques temps, hors du pays. Je découvris une jolie personne, ravissante Tanagra. Nous sympathisâmes, attirée de façon réciproque. Julien lui fit la cour. Elle y répondit, charmante.
Nous nous quittâmes, promettant de nous revoir très bientôt.

Ce soir-là, j’eus envie de mon corps. Nue devant ma psyché, je me contemplais. C’était la première fois, depuis mes couches. Je le caressais, retrouvant ses creux, ses renflements, aucune vergeture ne défigurait mon ventre. Je m’habillais, faisant glisser sur ma peau ces dessous soyeux. Je frissonnais, délicieux désirs que je croyais oubliés.

Au cours d’une promenade avec Blog, mon chien, nous nous vîmes. Il aboya, lui faisant fête. Elle comprit, amusée, pourquoi un tel nom. Ses aboiements ne ressemblaient en rien à des « Wouaf-wouaf » ordinaires. L’entendant , la première fois, j’avais choisi, pour le nommer, cette onomatopée de ce son introuvable chez ses congénères.
Je la suivis dans son appartement. Elle me reçut dans un boudoir, sofas recouverts d’amples châles damassés ; murs tapissés de romans étrangers, objets exotiques rappelant ses origines, culture riche de ses différences et de ses mystères. Nous bavardâmes comme si nous nous connaissions depuis toujours. Elle portait une robe d’intérieur, soierie incrustée de précieuses broderies, rehaussant son teint diaphane. Je tendis la main vers ces splendeurs. Elle la saisit au passage. Sa peau si douce me fit penser à la soie de son vêtement. Je retirais ma main. Il fallait que je parte retrouver Julien.

Nous devions nous revoir le lendemain. Je restais longtemps avec Julien, prolongeant le plaisir de sa présence, de tous ces petits moments de partage, rien qu’à nous. Plus que jamais, j’aimais mon fils, je le lui disais, l’embrassant avec fougue, l’écoutant me raconter des merveilles. Je sentais vibrer en moi ces fils invisibles ; mon trésor, mon chef d’œuvre !

Le lendemain, j’arrivais chez elle. Elle m’apparut, miniature fragile ; ses yeux brillaient du plaisir de me revoir. Dans le boudoir, sur une table basse, elle avait disposé des pâtisseries, loukoums fondant comme un baiser, savoureuses cornes de gazelle, royauté des zlabias, vapeur mentholée du thé brûlant s’échappant de la théière des Mille et Une Nuits.
A la vérité, je mangeais peu, envahie d’une émotion, que je croyais due à contempler ce décor, dans lequel je me sentais si bien. N’arrivant à se poser nulle part, mon esprit vagabondait, le charme étrange de mon hôtesse, ce confort diablement sensuel, cette chaleur qui commençait à me troubler…Ariane se pencha vers moi, m’offrant un gâteau. Son déshabillé glissa, dévoilant dans leurs nudités, deux petits seins, sculptés magnifiquement. Je m’en emparais, nos bouches se trouvèrent, nos mains s’égarèrent à la découverte de nos corps.
Nous nous retrouvâmes enlacées, radieuses. Sa main caressait mes cheveux en désordre. Je me rhabillais. Il fallait que je parte.
Je trouvais Julien sur les genoux de ma belle-mère. Elle portait un chemisier en voile, mon fils très occupé à essayer d’attraper les cristaux le décorant. Son père, à quatre pattes devant lui, émettait des « mêêê, mêêê », ce qui lui convenait fort bien.
« Vous êtes en beauté, belle-maman, ce soir. »
« Julien m’a éclaboussée, en prenant son bain, dit-elle, riant. C’est le corsage que je portais pour mes fiançailles. Et il me va encore. »
« Il vous va même très bien, belle-maman. »
« Béatrice, appelez-moi Renée. »
« Je vais me changer pour le dîner, belle-ma…Renée. »

Le dîner se passa comme un enchantement. Renée avait sacrifié une excellente bouteille de vin, de sa cave. Le repas était délicieux. « Nous avons une nouvelle cuisinière ? » questionnais-je.
« Non, j’ai eu envie de nouveauté, ce soir. »
« Vous avez eu raison. C’est délicieux. » Les émotions de l’après-midi m’avaient donnée de l’appétit.
Je montais me coucher, choisissant une tenue de nuit, style bergère, espérant que mon mouton de mari ne se ferait pas trop attendre. Je l’entendis traverser le couloir et frapper à ma porte. En fait de mouton, ce fut un bélier qui entra dans mon lit.
J’aurais préféré plus de tendresse et d’émoi, mais mon mari n’avait aucune fantaisie pour ces choses-là, comme pour bien d’autres, d’ailleurs.
Le lendemain, il était convenu avec Ariane d’aller faire une balade à cheval. Je lui confiais mes secrets, mes apprentissages avec Rodolphe. Elle m’écouta passionnément. Nous savions ce que nous voulions. Revivre les beaux moments de la veille, les embellir encore.
Nous nous reconnûmes, retrouvant les gestes, en inventant de nouveaux, toujours mêlant nos corps que nul voile n’entravait.
Le temps passait ; Rodolphe devint notre complice. Il était visible qu’il était enchanté de ce qui nous arrivait.
Mon fils grandissait. Je lui appris à monter à cheval. Et pour le reste, mon intuition maternelle avait compris, il ne ressemblait pas à son père.
