Ecrit pour La petite fabrique d’écriture
et ses annales
Après vous être laissés porter par les accents suaves
de cette rêverie de Schumann, nous espérons
que vous n’allez pas céder à la procrastination!
Nous ne procrastinerons pas ensemble
Ce mot, cet enchainement de lettres, mes doigts l’ont composé.
Mes yeux l’ont juste effleuré.
Ma bouche à le prononcer s’y est refusée.
Même pas en murmure.
Comment le lire…
Il faudra bien qu’il attende son tour,
Le temps d’un autre mot à mot à penser.
Les idées perturbées,
Cogitations encombrées de ce mot à coucher dehors, malvenu.
Il ne va pas m’embarrasser tout le long de mon texte!
Mes doigts écrivez ce que vous désirez,
Sans hésiter.
Ignorez cet importun, qui s’impose à mon esprit,
Ecrivez, écrivez,
Oui, c’est bien cela, je lis en accord avec ce que vous inscrivez:
« Nous aurons tout loisir,
D’y revenirrrr,
Un autrrre moment, autre jourrrr. »
Pourrrrquoi donc ce r roulé?
Vous craignez qu’à le prononcer simplement,
Comme envahie de cailloux,
Ma bouche ne s’en ressente.
Soit, une fois, rien qu’une fois,
Je le dis:
prrrrocrrrrastination.
J’avoue, j’y consens.
Je l’ai fait.
Demain, c’est sûr, je m’y remettrai,
Réconciliée avec ce mot.
Lequel, déjà?
J’ai oublié.
Tant d’efforts pour un seul mot,
Tapi, quelque part,
Il va ressurgir sûrement,
Désireux que je lui consacre quelques instants,
Une ligne,
Sois généreuse,
Tu sais bien qu’il faudra que tu en tiennes compte.
Alors deux lignes, pas une de plus.
Tout de suite?
Et mon récit, là, maintenant,
Pas question que je l’abandonne.
Le titre de cette histoire en cours?
Pourquoi remettre à demain, ce que l’on peut faire aujourd’hui?