Pour commencer cet article, une petite explication.
J’ai piqué cette photo dans La Balade du mercredi chez Asphodèle, pour écrire un texte proposé pour L’écritoire, dont j’ai inauguré l’atelier Tremplin Photo.
Je vous propose d’écrire à partir de cette photo, ou d’une autre que je proposerai chaque mois.
Vous pouvez aussi envoyer une photo de votre choix, accompagnée de votre texte, à n’importe quel moment sur LES MOTS PHOTOGRAPHES.
Ceci n’est pas nouveau. Rendons à César ce qui appartient à César. Les ateliers Bricabook et Mil et Une fonctionnant comme cela.
Ce que m’a inspiré cette photo
LA VISITE
Mesdames et messieurs, bienvenue dans LE CHÂTEAU LIVRES. Je vous demanderai d’éteindre vos portables, de ne pas prendre de photos, de vous abstenir d’éternuer.
Nous commencerons par le hall.
A votre droite vous pouvez contempler le maître d’oeuvres, un certain Anonymus. L’original de la statue, se trouve dans les jardins du château Vajdadhunyad à Budapest. Quiconque touche sa plume, reçoit le don d’écrire. « Non, pas ici, madame, il faut aller à Budapest. »
« Il vous rappelle le Comte de Dracula ? Vous le connaissez personnellement ? Il en a fait couler de l’encre ; sanguine, si j’ose dire… »
Nous pénétrons Boulevard du crépuscule, dédié à la littérature, ayant inspiré des chefs d’œuvre cinématographiques. Vous remarquerez cette élégante villa style géorgien, un chalet autrichien, ce port dévasté, un désert lunaire, une salle de tribunal, tout construit minutieusement à l’aide de pavés littéraires, de livres rescapés d’autodafés, ou d’invendus destinés à être détruits. Dans les fondations se sont glissés, également, quelques œuvres censurées, des manuscrits refusés par les éditeurs.
Nous voici Dédale des Bouquinistes. Nous allons le suivre. Remarquez au passage Thésée contre le Minotaure, le Général dans son labyrinthe, de Gabriel Garcia Marquez, Ariane jeune fille russe, « Oui madame, russe, pas grecque, vous pouvez vérifier. » « Vous trouvez que ce roman est cousu de fil blanc ? ». Tout le monde suit ? Le fil à plomb! Non, suivez le guide. Nous allons aborder la partie la plus ancienne, les fondations de la maison. Attention à la marche.
Ici vous contemplez la voûte livresque. Vous remarquerez quelques étoiles littéraires célèbres.
Les murs sont soutenus par les piliers de la connaissance, le mur porteur des écritures. Le plafond décoré de médaillons, prix Goncourt, Interallié, Médicis, Nobel…
Admirez l’académisme de ce mur de dictionnaires. Lui faisant face, une fenêtre ouvragée de livres reliés, soutenant des thèses d’équilibrisme, funambulisme, géométrie spatiale.
Derrière vous un encorbellement d’œuvres manuscrites, de quelques précieux incunables. Cette corniche abritant le Marquis de Sade, l’Histoire d’O, Le con d’Irène, Belle de jour, L’amant de Lady Chatterley…vous aurez reconnu Louis Aragon, Joseph Kessel, Georges Bataille, Musset, Apollinaire…
Un balcon, avec vue sur des romans policiers, d’une construction un peu plus récente ;depuis la fenêtre sur cour, vous pouvez observer une jardinière de récits de jeunes filles en fleurs, d’amours en pleine éclosion, de relations fanées, nourris au terreau d’écrivains en herbe. Les parois inachevées, en attente de nouvelles œuvres dans cette loggia baptisée La Pléiade.
Le gros œuvre est classé dans ces rayonnages. Ce sont des PAL, en langage de blogger : Piles à lire. « Oui, madame, il faut se tenir au courant des mutations du langage. »
C’est d’ailleurs par la salle consacrée aux nouveaux langages, que nous allons terminer la visite. Vous pouvez voir des lambris, des embrasures composées de Boumcoeur, Chroniques de l’asphalte, Kiffe, kiffe demain. Sur les corbeaux, certaines histoires sont stylées. J’en ai lu quelques unes, j’les fissure. Mortelles, j’te dis.
Mesdames et messieurs, la visite est terminée. L’association « Les chantiers de l’écriture » vous remercie.