Lu pour,
Résumé
En pleine guerre napoléonienne, un navire français fait naufrage au large de Hartlepool. Parmi les débris, un seul survivant : un chimpanzé, mascotte de l’équipage portant l’uniforme tricolore. Mais, dans ce petit village d’Angleterre, où personne n’a jamais vu de Français, l’animal correspond assez bien à l’idée qu’on se fait de l’ennemi. Aussitôt, le singe est traîné en justice, accusé d’espionnage…
Mon avis
Un album de bande dessinée, inspiré d’une anecdote : Les habitants de Hartlepool, ayant pris un singe pour un français, et au nom d’une haine, bien connue,franco-anglaise réciproque, l’ont maltraité.
Au-delà de ce récit, c’est la démonstration que ces sentiments de racisme ordinaire, nés de la méconnaissance et la méfiance de l’autre, des idées reçues, et de leur exacerbation et jusqu’où un être humain peut aller dans l’ignominie, la violence, l’injustice, la cruauté et la barbarie.
Malgré le ton ironique de ce récit, j’ai ressenti une grande tristesse; cela se passait au début du 19ème siècle, mais hélas, cela existe et perdure au 21 ème siècle
Extrait
– Charly * Monte dans cette voiture immédiatement!
– M… Mais Papa, le Monsieur, il est…
– Ce n’est pas un « Monsieur », Charly, c’est un singe. Ils ont pendu un singe. Et pour l’amour de Dieu, cesse de me contrarier et grimpe ! Ce n’est pas le moment.
– Euh, M’sieur…? ?
– Vous pourriez nous rapprocher de Newcastle ?
– On peut payer notre voyage… un peu.
– Oh, mais avec plaisir ! Ce serait un crime de vous laisser dans ce village de fous. Montez ! Et toi-là bas, merdeux ! Descends de ce singe !!!
– Quel singe ?
– Ah les imbéciles ! Ah les ignorants ! J’aurais préféré que tu ne voies pas ça, Charly, mais puisque c’est fait, souviens-toi toute ta vie de ce que tu viens de voir. Des hommes petits, imbibés de nationalisme, ont pendu un singe ! Ah, elle est encore loin, la modernité, c’est moi qui te le dis ! On est en pleine préhistoire !
– Mais, Papa, tu es sûr que c’était un singe ? Il avait l’air tellement…
– Humain ? Bien sûr qu’il avait l’air humain. Les singes nous ressemblent, Charly. C’est comme ça. Une cruelle fantaisie du créateur pour nous rappeler qu’entre nous et les bêtes, il n’y a qu’une histoire de nuances…
– Dites, vous causez drôlement bien, M’sieur. Z’êtes un lord, ou quelque chose comme ça ?
– Je suis le Docteur Robert Darwin de Shrewsbury. Et voici mon plus jeune fils, Charles Darwin…
– On se connaît déjà… Moi, c’est Philip.
– Enchanté, Philip. Et d’où viens-tu ?
– De partout, M’sieur ! De partout et de nulle part.
– Voilà qui ne va pas te faciliter la vie, jeune homme. Déjà que l’étranger fait peur alors qu’on sait d’où il vient, m’est avis que l’apatride a du souci à se faire. Et pour longtemps…