CADAVRES EXQUIS

Cadavre exquis, le treizième

Ecrit pour Incipi’Turbulent #13

C’est en mars 1964 que Jacques a mangé de l’herbe pour la première fois. Il en avait mangé avant, bien avant, beaucoup et des jours durant, mais la première fois qu’il a mangé de l’herbe et qu’il a guéri c’est en mars 1964, c’était le soir et il avait plu.

– C’était quand déjà, la première fois que tu as mangé de l’herbe et que tu as guéri ? lui a demandé Bonzi.

– C’est en mars, c’était le soir et il avait plu, lui a répondu Jacques.

C’était le soir. Il avait plu. (Sorj Chalandon, Le petit Bonzi)

 

Un semblant de liberté, avait coulé dans ses veines; c’était comme ce soleil, qu’il voyait pour la première fois, mais qui avait trop vite disparu. Depuis, chaque  nouvelle aurore  et ses timides rayons lui redonnaient couleur d’espoir. Mais les jours passaient si vite, et il ne pleuvait plus, ou beaucoup trop.

Pour lire le texte final avec toutes les participations, CLIC sur l’herbe

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Cadavres exquis : dixième

 Ecrit pour Incipi’Turbulent #10
« Je rêve rarement. Quand cela se produit, je me réveille en sursaut, baignée de sueur. Alors je me rallonge, j’attends que mon cœur cesse de battre la chamade, puis je médite sur le pouvoir magique, irrésistible de la nuit. Dans mon enfance, dans ma jeunesse, je n’avais pas de rêves, ni de bons ni de mauvais. À présent, c’est l’âge qui charrie sans relâche les alluvions du passé en une masse de plus en plus compacte, horreur dense d’autant plus alarmante qu’elle est plus étouffante, plus tragique que ce que j’ai jamais vécu. »
Magda Szabó, La Porte

Masques  en sarabande, grimacent à la figure de la lune, nuages menaçants et glacials; alors me saisit une étrange folie. Je me vois, figure tragédienne, partagée entre pleurs et sourires, tour à tour, croquant la pomme à pleines dents, crachant du venin, ou bien, galipettes en éclats de rires, chutes hallucinantes en un tourbillon sans fin. Je deviens danseuse étoile, en équilibre  sur un fil,  les applaudissements deviennent croassements, ailes noires froissant l’éclat lunaire…

Le texte complet à lire en cliquant sur la photo

 

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Cadavre exquis- neuvième

 Ecrit pour Incipi’Turbulent #9
« C’est par un bel après-midi d’été qu’il amerrit, tout doucement, sur l’océan placide de ma paisible existence. Le jardin du Luxembourg s’étirait d’aise sous les rayons d’un soleil généreux. Disposé là depuis toujours ou peut-être, qui sait, délicatement tombé du ciel comme une grosse goutte tiède d’avant l’orage, il avait, tout de noir vêtu, bien droit sur sa chaise, la majesté d’un obélisque assis. » Pascal de Duve ~ Izo

Était-ce heureux présage ? Je n’avais jamais apprécié la couleur noire. N’est-elle pas définie comme étant absence de couleur ?

Les autres participations et le texte final, en cliquant sur le banc

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Cadavre exquis 7ème

Écrit pour Incipi’Turbulent #7,chez L’Écrevisse
« Il y a trente-six marches à gravir. Elles sont en pierre et le vieillard les gravit lentement, avec circonspection, comme s’il les collectait une par une, avant de les pousser au premier étage : lui, berger, et elles, doux animaux. Modesto, tel est son nom. Il officie dans cette maison depuis cinquante-neuf ans, il en est donc le prêtre. Parvenu sur la dernière marche, il s’arrête face au large couloir qui s’étend sous ses yeux sans surprise : à droite, les pièces fermées des Maîtres, cinq ; à gauche, sept fenêtres étouffées par des volets en bois laqué. C’est l’aube, tout juste.  » ( Alessandro Baricco, La jeune épouse)

Il pourrait le parcourir les yeux fermés; dix pas pour atteindre la première fenêtre, quinze pour la porte de la chambre jaune, ainsi jusqu’ au bout, tous ces pas qu’il accomplit chaque jour sans y penser. Peut-être, ainsi, a-t-il déjà fait le tour de la Terre, peut-être même plusieurs fois; qui sait ?

Le texte complet à lire en cliquant sur les marches

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Cadrave exquis, 6ème

Ecrit pour Incipi’Turbulent n°6 chez L’Écrevisse
Il avait oublié les odeurs puissantes des Halles, les voix hurlées, le choc des charrettes croulant sous les légumes et les fruits. Il est heureux de retrouver sa ville. Le premier soleil enlumine les gargouilles de la tour Saint-Jacques. Les balayeurs abandonnent le parvis de la gare Saint-Lazare et aux terrasses voisines, l’odeur du café se mêle à l’encre fraîche des quotidiens du matin. La vieille clocharde de la rue de Seine replie soigneusement son lit de journaux. (Gaëlle Nohant, Légende d’un dormeur éveillé)

Tant d’émotions, de ces souvenirs simples de sa vie d’avant, une page qu’un désespoir lui avait fait tourner, cet enfermement contraint, aujourd’hui, à nouveau il la vivait, libre de ses souvenirs, ses passions, ses pensées; celles-là même qu’on avait cru pouvoir lui faire oublier, nier.

Lire le texte inspiré de toutes les propositions, CLIC sur ce Cadavre Exquis

Réalisé par André Breton, Valentine Gross, Tristan Tzara et Greta Knutson ( 1933)

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Cadavre exquis quatrième

Ecrit pour Cadavres exquis, Incipit n°4, chez l’Ecrevisse
Un vent noir hurlait par la portière de la carlingue. Parise, sanglé, inclina son crâne chauve vers le fleuve. On distinguait à peine l’eau boueuse du Rio de la Plata qui se déversait depuis l’embouchure.

Caryl Férey, Mapuche

 Les essuie-glaces fatigués laissaient couler des ruisseaux de pluie, colorés parfois d’une lueur brouillonne. Était-ce un phare? Faute d’apercevoir une piste, Parise révisa ses notions de code maritime. « Éclair long/ Éclair court/ Compter un-deux-trois/ Éclair long/ Éclair court/ ». Bingo, se réjouit-il.

 

Pour découvrir la suite avec  tous les textes proposés, cliquer sur l’oeuvre surréaliste de Dali

 

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Cadraves exquis- deuxième


Incipi’Turbulent #2 proposé par l’Ecrevisse

Mai 2008

Aujourd’hui, m’asseyant devant cette page, je me souviens d’une chaude nuit de février 1988 où j’ai dû affronter une autre page blanche.

Paulo Coelho, L’alchimiste

Je crus devenir fou. Des mites, ou ce que je pris pour des mites s’élevaient de mon cahier d’écriture. Mes yeux papillonnaient, ne sachant où se poser. Mes mains dessinaient, démentes, des chasse-mouches, sorte de filets; triomphal, je capturais enfin un de ces coléoptères, avant de m’apercevoir que je m’étais moi-même fait prendre, englué dans une toile; une araigne me grignotait le cerveau, suçant avec délice chaque morceau, avant de l’engloutir.

Comme pour la précédente proposition, le texte complet est à lire ICI

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