LE TABLEAU DU SAMEDI

Pour Le tableau du samedi

Alors on danse ?

La Closerie des Lilas, le Quadrille Français – Charles Vernier ( 1813-1892)

Charles Vernier entre en 1830 dans l’atelier d’Ingres.

Il devient caricaturiste et lithographe. Ses lithographies ,  dont une large part a été publiée dans le Charivari, portent sur plusieurs thèmes.

Le premier thème concerne la vie politique du XIXe siècle, très riche en événements nationaux et internationaux. Ses charges contre les hommes politiques et contre la censure lui ont valu des séjours à la prison Sainte Pélagie.

Le second thème concerne la société au XIXe siècle : son regard se porte, avec une ironie spirituelle sur les mœurs de l’époque. (Source: Wikipedia)

 

Le Bal Mabille, Le Quadrille Français – Charles Vernier (1813-1892)

Ce tableau représente la cinquième et dernière figure du  » quadrille français », appelée Chassé-Croisé ou Galop, dansée à la « saint simonienne », c’est-à-dire en galop avec changement de danseuse.

La saint-simonienne serait née du carnaval de Paris de 1833.

Elle consiste en changements successifs de dames et de cavaliers. Il s’agit là d’échanges de partenaires.

Cela suscita bien des émois, des rejets, des querelles, des réprobations.

Pour certains, cela était considéré  comme de la dépravation et une atteinte aux bonnes moeurs de la société. Les gens de la haute société, les bourgeois se fourvoyaient, en adoptant des gestes « vulgaires », sans moralité, que l’on comparait aux moeurs du petit peuple;

Dans les années 1830, la pratique du chahut ou cancan se développe dans les bals publics parisiens. Les forces de l’ordre la décrivent comme une danse « infâme » constituant un délit d’attentat aux moeurs.

Des jeunes gens se sont pris de querelle au sujet d’une espèce de danse dite saint-simonienne, réclamée par les uns, repoussée par les autres.

« Ces pauvres colombes, nullement initiées aux mystères de la cachucha [(la chahut)] et de la saint-simonienne, se figurent que tous les groupes qu’elles coudoient sont composés de mauvais sujets et de gourgandines. »

« C’est le cas du bal de la Tourelle qui estime que « la valse et le galop [sont] indécents et dangereux pour les familles. » Rapprochements, libération des corps dans des mouvements débridés et exempts de toute technicité, c’est ce qui semble en premier lieu motiver ce rejet, plutôt que le principe d’échange de partenaire. »

« De nos jours, la danse est devenue populaire; en se popularisant elle a dû adopter une allure rude, grossière, indécente; elle a pris ses franches coudées dans les bals publics, entre le broc de vin et la gibelotte de chat et s’est fait baptiser du nom de cancan, chahut ou saint-simonienne. »

En 1837 elle peut être dansée par les marquises mais elles seront alors taxées de « femmes libres ».

Cette cinquième figure aurait été créée pour rompre avec les précédentes figures, empruntées aux contredanses, jugées un peu trop « académiques » et « sérieuses ».

Bien que le mouvement saint simonien ne fasse pas mention de cette danse, il semblerait qu’elle fut nommée ainsi en raison de la doctrine de ce mouvement, qui prône une société  fraternelle, un  pays  prospère, afin que règnent solidarité, esprit d’entreprise, intérêt général, liberté et paix. S’opposant à tout privilège et droit de naissance, les privilèges de la noblesse et de la royauté doivent être supprimés.  Chacun doit obtenir la considération de la société.

La question femme est abordée:  » Nous étions dans les années 1830 et l’avenir appartenait à un monde fondé sur le double pôle du masculin et du féminin. La promesse était celle d’une égalité entre les sexes et d’une sexualité libre. Bien qu’elle fût plus mystique que concrète, certaines femmes ont su profiter de cette ouverture et ont poussé la logique jusqu’au bout. « 

Un féminisme politique renaît: » Nous naissons libres comme l’homme, et la moitié du genre humain ne peut être, sans injustice, asservie à l’autre » (La Femme libre, L’Apostolat des femmes).

La cinquième figure du quadrille français montre une danse plus débridée, moins guindée que celle des autres figures, surtout pour les milieux « BCBG » de l’époque, une familiarité entre les danseuses et danseurs,   gestes et postures osés. Certaines personnes ont peut-être pensé ou imaginé, que ces nouvelles manières résultaient ou étaient influencées par  la doctrine saint simonienne, où femmes et hommes, riches ou pauvres, sont mis sur le même plan d’égalité, d’où la dénomination « La Saint Simonienne. ».

 

PS: ces explications succinctes, sont là pour essayer de comprendre l’appellation de la danse citée ci-dessus. Je demande aux  lecteur.trice.s de mon article, de n’y voir aucune polémique d’aucune sorte, concernant le Saint Simonisme.

 

 

 

 

 

Catégories : LE TABLEAU DU SAMEDI | 6 Commentaires

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6 réflexions sur “LE TABLEAU DU SAMEDI

  1. Bonjour Jacou, fol amusement d’une époque… enfin d’une certaine bourgeoisie, habillée chic… merci, jill

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  2. Merci Jacou, un billet très didactique et très intéressant ! merci

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  3. Merci beaucoup pour toutes ces explications je ne connaissais pas la Saint Simonienne , qui a l’air ma foi , d’amuser follement les danseurs et danseuses .
    Bonne journée
    Bises

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  4. La bourgeoisie s’encanaille tout en voulant garder son quant à soi et son rang, jolie façon de les moquer un peu.

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  5. amande13

    C’est très animé, à toutes les époques la danse a permis de se défouler et de s’amuser; tout le monde est très gai !

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