Sur une proposition de Lyssamara
Puisque Janvier est synonyme à la fois de nouveau départ, nouveau bail, nouvelles résolutions voire nouvelle, je vous propose d ’écrire un texte de bienvenue qui rythme son renouveau avec élan, vivacité et célérité douce. Vous voudrez bien le commencer par cet extrait (tiré d’un journal intime fort célèbre)
« Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs » et y glisser cette phrase-phare capturée
« Je m’attache très facilement » … où vous rêverez.
Si vous y introduisez quelques de ces mots-ci, on s’approchera du faîte (de l’édifice littéraire évidemment): étendre, galet, sicaire, céphéide, ange, se revancher et revif.
Une farce, l’autre pas
« Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs »
Tous, nous retenions notre respiration, comédiens et spectateurs.
Pour nous, sur la scène du Galet*, cela ne posait aucun problème; mais derrière leurs masques, les spectateurs ne risquaient-ils pas de s’étouffer ?
Cette pièce, voilà plus de deux longues années que nous la répétions, confinements, plus de salle pour répéter, consignes sanitaires, salles de spectacle fermées, comédiens cas contact, départs, nouveaux arrivants, redistribution des rôles…je ne vais pas m’étendre plus sur le sujet.
Revenons à cette pièce, qui sera, pour moi,celle de mon dernier rôle.
Nous sommes au 18ème siècle, Me voici soubrette, au service d’une grande dame, envieuse de tout, au paroxysme de la jalousie, considérant éclipser les autres telle une céphéide. N’étant pas née de la dernière pluie, je ne suis pas un ange, et ma maîtresse ne m’impressionne pas, contrairement à ce personnage en train de farfouiller dans les tiroirs d’un secrétaire, nous tenant sous la menace d’un sicaire.
Que cherche-t-il ? Que veut-il ? D’où sort-il ?
En vain, je cherche une réplique. Mes compagnons restent bouche bée. Eux aussi, auraient-ils oublié leurs textes ?
Le pire cauchemar pour un comédien; la panne, cette peur qui nous tient aux tripes, fait dégouliner notre corps, tandis que notre coeur bat la chamade, avant d’entrer en scène; le doute qui nous envahit quand à la qualité de notre jeu…
Quelques toux s’échappent du public…un spectateur se lève, applaudit, toute la salle l’imite, chahut des pieds tapant le sol.
L’inconnu referme tranquillement les tiroirs, pose son arme sur le bureau, s’approche du bord de scène, dans un halo de lumière…
– Comment osez vous ? glapit ma maitresse, Cette lumière est à moi.
Alors, toutes nos répliques fusent. Revif de nos mémoires, un instant paralysées.
Applaudissements, Instants chaleureux, inoubliables, incomparables; ces moments de partage fébriles, la dernière fois pour moi, déjà m’envahit la nostalgie, mais pas de regrets. Je reviendrai ici, spectatrice désormais,
Un bruit me réveille; devant moi l’homme au sicaire.
J’entends « Je m’attache très facilement »
Mais ce n’est pas dans la pièce; il n’est pas dans la pièce ! Et cette arme qu’il tient dans la main, c’est un… c’est un pistolet, ou peut-être un revolver, un colt, un browning, que sais-je, moi, je n’ai jamais su faire la différence.
– La ficelle à rôti est dans le placard sous l’évier. Vous trouverez des cis…
Il disparait; Cela fait déjà deux fois en vingt quatre heures. C’est qui ce bonhomme ? Un prestidigitateur ?
Il revient avec un bouquet de fleurs; plus exactement, me visant de son pistolet, revolver, colt ou browning, enfin j’en sais rien, et attendant, recroquevillée dans mon lit, le bruit, la détonation? peut-être qu’il est équipé d’un silencieux ?, mais dans ce cas les voisins n’en sauront rien, alors que deviendra mon cadavre ?, j’entends:
« Bravo, vous avez été excellente. » Et il me tend un bouquet de fleurs. « Hier soir, j’aurais bien voulu vous féliciter, mais j’ai dû sortir de la pièce. »
*Le Galet, à l’aspect minéral, est une salle de spectacle, ouverte en octobre 2006, comprenant un amphithéâtre gradiné de 386 places, ainsi qu’un équipement scénique performant.
Belle sortie pour une pièce de théâtre merci Jacou !
Ça alors, je n’aurais jamais imaginé que mes mots auraient été embauchés, ptestement et sans chichis sur une scène d’un théâtre bien réel ! Merci beaucoup Jacou pour ce défi relevé illico presto !
😀
Ce fut avec grand plaisir, et amusement pour une mise en scène décoiffée. Par contre je n’ai trouvé aucun rôle pour « se revancher ».
Oups, prestement 🙂
Belle idée que cette pièce de théâtre…
J’ai eu peur à la fin, mais Dieu merci, ça finit bien !
Heureuse de te relire, en tout cas !
Tu nous manquais…
Une jolie sortie de scène ! Belle et douce journée !
Pour voter ce galet-ci, c’est ici (n°12)!
🙂
Dangereux lézard vivant 😁😂 !!