Sur une proposition de Carnets Paresseux
LENT DEMAIN, VAUT MIEUX QUE VITE AUJOURD’HUI
Sur un transat, paisiblement installé,
Orteils en éventail, je rêvais.
Un galop soudain, était-ce le vent malin
Chahutant dans l’air marin ?
Tout écumant, un détour de chemin,
Hippocampe parut.
Bourrasque, telle provoqua, j’en eus la berlue.
Tout soudain freina,
D’un hennissement me salua.
Derechef, bondit, un instant tournoya,
Disparut à ma vue.
Mes yeux, frottais, un parchemin aperçus.
Entre deux eaux, flottait.
Par dessus bord, une échelle jetais,
Le repêcher entrepris.
Longtemps dura ma quête,
Peut-être curieux, vous en êtes,
Des détails, grâce, je vous fais.
Toutefois, de testament, apprenez
Qu’il s’agit. Héritier j’étais .
De ma barque, fort éloigné,
Par les vents alizés, bercé,
Je réfléchissais.
Un bruissement, était-ce le vent malin,
Chahutant dans l’air marin ?
Crête d’une vague, surfant,
Hippocampe de l’onde jaillissant.
Sur sa croupe, m’installais.
Du parchemin, le contenu connaissait.
Dans mes difficultés, me voyant,
Derechef, à contre ponant,
Nagea. Moi-même, balloté par le souffle du levant.
Levant, ponant, tempête en artifices de gouttelettes, éclairs verts de vagues grondantes,
Tramontane se jouait de nous,
En l’air lancés, au fond d’un effroyable gouffre jetés,
Eau, air, emmêlés, épuisantes chevauchées,
Sur un lit de sable échoués.
Murmures salés, brise coquine me réveillaient.
D’être en vie, je jouissais.
Alangui, rasséréné, je paressais.
« Lent demain, vaux mieux que vite aujourd’hui ».
Sur mon transat, en sursaut, me réveillais.
» C’est votre devise ? »
Au bastingage, appuyée,
Elle me souriait.
En ses mains, un ouvrage de littérature, tenait.
» Votre livre, ajouta-t-elle,
Le vent l’emportait à tire d’aile.
D’une noyade dans les ondes,
Je l’ai sauvé. Curieuse mappemonde »
Sourit la charmante vagabonde.
À s’allonger à mes côtés,
Écouter mes aventures, l’invitais.
» Je ne puis, murmura-t-elle,
Hors de l’eau, point de vie éternelle. »
Gracieuse, elle plongea,
Sirène, s’éloigna.
» Lent demain, vaut mieux que vite aujourd’hui. »
Seul, abandonné, j’en repris la lecture.
» Que voilà une vilaine figure ! »
Hippocampe, échevelé,
De haut en bas trempé,
Au-dessus de moi, s’ébrouait.
« Prends garde, mon livre,
Il est tout mouillé, regarde ! »
» Monsieur me semble bien grognon,
Voire, même un brin tatillon.
Voyez, les pages sont déjà séchées.
Il a suffi d’un souffle léger…
Souriez, que diable !
J’ai trouvé votre étable. »
» Étable ?!? «
» Votre héritage, parbleu ! »
» Héritage?!? »
» Par tous les vents de la planète,
Mon maître, aurait-il perdu la tête.
Souvenez-vous, nous sommes en chemin,
Depuis un temps certain,
Chercher une aiguille dans une botte de foin.
Voilà qu’à mon tour, je déraille. »
» De ton discours, ne saisis rien qui vaille.
C’est quoi, encore, cette histoire de paille ? »
» Souvenez-vous, l’an passé,
Vous avez soupiré,
Devant un sapin de Noël, tout fané:
» Que ne donnerai-je, pour savoir où crécher. »
Voilà, votre crèche, je l’ai trouvée.
Vous voyez l’étoile, non, pas là, là. »
» Tu me donnes le tournis,
Bientôt, je vais souffrir de torticolis. »
La bise qu’il me fit.
Où était-ce le vent malin,
Chahutant l’air marin ?
Repartit sitôt, son sillage dessinant vagues chevauchées,
À peine
Un hippo qui campe bien son personnage et qui résiste au chant des six reines ! un récit que le vent emporte au-delà des front hier. Merci Jacou
Le souffle du large et des marges ! Jolie série de mots soufflés 🙂
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En as-tu de la chance pour avoir reçu une bise de l’hippocampe au terme de ce beau voyage 😉