Ecrit pourdu mois de mars. Proposition 145. Explications en fin de page.
Le portrait fatal
Je ne suis plus d’ailleurs,
Mon aujourd’hui se détisse,
A la triste lueur qui reste de mon âme.
Demain n’est pas venu,
Où ma vie ne s’exprime plus.
Je ne suis plus de la-bas,
Encore en fuite de mes espoirs,
Pouvoirs flétris,
Mondanité des illusions.
Le bonheur, dérisoire chiffon,
Trempé de hontes et renoncements.
Je ne suis plus, dérivant,
A la merci d’une vague d’amertume,
Perdu dans l’océan indifférence,
Mendiant l’humanité,
Mes semblables s’irritent,
Combat de l’ignorance,
Juste une lueur,
Respect pour ce que je donne,
Et non ce qu’ils croient de moi.
Le bien ici, mal ailleurs,
Une vie sans destin,
Une partance en fuite,
Migrant de l’éternité.
Un certain critique littéraire de l’époque, M. Eugène Crepet a eu la bonne idée d’acquérir à la vente de Poulet-Malassis, l’original des liasses de manuscrits ébauchés de Baudelaire. En dépouillant ce monceau de notes rapides, d’ébauches encore vagues, de feuillets où Baudelaire jetait sa pensée toute chaude, il est arrivé à dresser une liste considérable d’œuvres projetées que Baudelaire n’a pas pu écrire avant de mourir et dont les titres, souvent bizarres, ne devaient certainement pas être définitifs.
Ces titres sont les suivants : Le marquis invisible. Le portrait fatal. L’amour parricide. L’almanach. La fin du monde. Pile ou face. Le triomphe du jeune Boniface. La Licorne. La maîtresse de l’idiot. Une brebis galeuse. Une infâme adorée. L’automate. Les enseignements d’un monstre. Le crime au collège. Le catéchisme de la femme aimée. Le mari corrupteur. Les monstres. Les heureux de ce monde. Le monde sous-marin. Une ville dans une ville. Les mineurs. Le rêve prophète. Le prétendant malgache. Le fou raisonnable et la belle aventurière. Le déserteur. Le boa. Une rancune.
Vous choisirez l’un de ces titres et tisserez votre texte en conséquence. A la manière de Baudelaire, vous l’écrirez en vers ou en prose, en nouvelle ou en récit et l’adapterez à notre époque actuelle.
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Tu nous fais un superbe cadeau avec ce poème très révélateur de ce que tu es ! J’ai beaucoup aimé, et c’est un euphémisme !
Bisous chère Jacou !
Merci de ce superbe compliment!
Il est sincère !
Je pense, Jacou, que Baudelaire apprécie ta poésie, et qu’au fin fond de son âme immatérielle, il salue ces vers qu’il t’a inspirés.
J’aime beaucoup, et comme dit Monesille, ce n’est pas un euphémisme. Je le dis du fond du coeur.
Triste comme Baudelaire, Jacou, et beau aussi !
Tes états d’âme n’auraient pas su être enfermés dans 17 syllabes, en effet.
Gros bisous
Bonjour, « Mendiant l’humanité » et « Migrant de l’éternité »… ton beau poème a un ton post-apocalyptique. Âme errante…
« Migrant de l’éternité »…
Merci pour ce portrait intime, fatal mais fascinant de beauté.
Bises
Superbe portrait que n’aurait pas désavoué Baudelaire , un grand bravo .
Bises