Pour le mémorial poétique 13 novembre 2015, chez martine, écriturbulente
Un poème du poète syrien, en exil, Omar Youssef Souleimane
Je ne peux pas venir
Tu sais bien que mes yeux qui regardent le chemin vide
Voient aussi la fête du désir dans ton lit
Mais je ne peux pas venir
Les lumières du chemin sont des feuilles de citronnier dans
l’automne désolé
À ta porte danse le vin
Et sur tes cuisses cascadent les festivités du monde
Et je ne peux pas venir
Le chemin nocturne est la mâchoire d’une hyène qui décortique
mes os
Son asphalte est un métal de colère et d’affliction
Sur lequel s’installe une balle de caoutchouc, mon cœur
D’un panneau publicitaire lumineux s’écoulent tes parfums
Tes robes y étincellent comme des musiques
Mais à mes yeux le chemin est comme ce panneau
Et les étoiles dans mon cœur sont du bois sec
J’ai tant cohabité avec le chemin que mon ombre s’y est creusée
Ma liberté est mon ombre
La guerre est ma mémoire
À chaque fois que je me résous à venir, c’est elle qui vient
[Traduction : Aïcha Arnaout]
Miroir d’une guerre cachée (et autres poésies)
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Merci Jacou, d’avoir posé ce bouquet de poésie sur le mémorial poétique de ce jour. Il est d’autant plus fort et émouvant qu’il est écrit par un poète Syrien.
un beau poème